En face de la maison il y avait un arbre. Affolé de lumière, seul au milieu de nulle part. J’ai l’écho de ce goût du fruit du jujubier sur la langue. Quand je ne savais pas encore qu’écrire me parlerai de moi. Ce matin, c’est cette odeur venue je ne sais d'où qui m’a fait le chemin jusqu’au souvenir des matins remplis de soleil quand l’insouciance déborde. Toute cette innocence. Je voudrai redevenir cette enfant. Celle qu’on appelait Marie-Noire. Celle qui se cachait sous le grand chapeau du jardinier. Me reviens « I ka kéné » et les mots chapelets en cascades qui sont les salutations bambara qui prennent soin de tous les membres de la famille de celui que l’on salue. J’ai grandi au milieu de la brousse, dansé dans la terre rouge latérite. J’ai joué avec des scorpions et toutes sortes de dangers inconnus de moi alors. J’ai grimpé sur des flamboyants en fleurs. J’ai défié des baobabs du haut de mon enfance. J’ai porté mes poupées dans le dos comme les mères africaines promènent leurs enfants. Avec des pagnes aux multiples couleurs enchanteresses. Je ne suis pas d’ici et mon monde est brisé bien loin. Tandis que le fleuve Niger traverse mon pays-cœur. J'ai tant envie que tu me tiennes la main. Je ne peux partager. Impossible de te murmurer mes secrets, toutes ces langues étrangères que tu ne peux comprendre. C’est comme des pudeurs d'une femme nue.Tout juste puis-je t’inviter au son de la Kora à faire ce voyage. Je lutte encore quand je n’ai qu’un souhait. 
Viens, c’est là le chemin.


 Texte M@claire© Droits Réservés


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