Il y a la guerre là-bas. Des cieux brassés de fumées, des terres brûlées, des pieds nus affolés, des cris ont remplacé le chant des oiseaux. La vie dévastée, les sols désolés, des villages pillés, les horreurs inracontables. Impardonnables. Insupportables. Un désert de tout. Ma déchirure.
Sur le mur explosé, le soleil chaud caresse un éclat de faïence qui fut bleu dans la cuisine abandonnée. Jadis, plus loin, très loin, l’hiver ressemblait à ce flamboyant en fleurs près du jujubier lourd de fruits. Les femmes se couvraient la tête portant calebasses, comme offrandes au ciel, la démarche chaloupée, les pagnes illuminés, resserrés sur des poitrines saillantes, les éclatants rires, les regard complices et solidaires. Des enfants couraient accueillir les pères au bord du fleuve Niger. Paisibles pirogues bariolées de couleur déversant la pêche miraculeuse. Le frais du soir délivrait de toute cette attente. On palabrait longuement sur la place du village. On ne se cachait que pour s’aimer, loin des regards des vieux sages marabouts. Il faut venir jusqu’à la lumière de mon âge pour sentir l’éloignement, les douleurs et tous ces déchirements. Il y a cette ancre dans ma mémoire, puis le goût acide d’une mangue cueillie trop vite, cette envie indélébile de sentir ton odeur, l’essence de mon enfance, Afrique cette nuit j’ai rêvé de toi.


Texte M@claire© Droits Réservés
Photo moi au Mali par mon père René Chouard©


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