J’ai gardé le plus simple, sans broder des dentelles. Tes fils emmêlaient tout. Trop de coton de mauvaise qualité use les couleurs. Puis en esquissant des sourires devant l’ouvrage de vie, tant ce simple est le plus difficile à atteindre, je sais mon blanc-seing d’être. J’en ai fait des tours et des détours. Elles ont piqués les aiguilles, à m’en corner la peau, à faire affleurer le sang, à m’affaiblir la vue. À m’y briser le cœur. Oh ce labeur à s’y user le temps. Un jour enfin, démêler le tout, ne plus être prisonnière, ne pas être redevable. Se libérer de l’opus. En y passant tant de mots, en larguant tous les faux, aucune fleur ne s’imite, aucun miroir ne me limite. Aucune broderie ne m'est prison. Je n'ai jamais aimé les ajours. Il n'y a que  les rayonnements qui réchauffent.  Rien ne me cache, oser, ne pas seulement dire et clamer, mais juste le vivre. Pour de vrai. Le savoir et en économiser le précieux. Distribuer et offrir sans jamais s’en lasser. Agir en place d'écrire. A quoi bon presser le pas, s’en laver de pur sous la pluie de lumière. Faire rejaillir. Aucun besoin de répéter à l’infini cette harmonie, il suffit de voir le sourire à mes lèvres accroché, il n’y a plus de sel pour les piquer, il n’y a plus de vent pour les embrasser, ni de mer pour me détourner. J’en bats pavillon haut et beau. L’écriture est éphémère, la vie en est pleine. Etre fier de soi. S’habiter. Et puis  choisir. S'engager et ne pas en faire un  requiem. Cette tentation de Venise, haut et beau mon pavillon aux milles couleurs de vie, elle est bien là ma liberté de partir.

Texte M@claire© Droits Réservés
Photo Marc Lagoutte©




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