Sur le balcon l'automne, survenue dans la nuit fraiche, a roussi quelques malheureuses feuilles de géraniums qui survivaient sans bruit dans un vert désespéré. J'ai remis le châle, le chat a refait sa boule sur le plaid, négligeant tout le reste, le ciel se pâme en gris, une cheminée au loin s'évertue à lui dessiner des signes inaudibles. Café ricorete dans une main, je voyage par delà ma fenêtre. Ce matin, le voyage est alimentaire, les recettes frôlent l'Italie, préparent au soleil qui se cache, promettent des senteurs du Sud. Je suis quand même revenue assez vite vers les potages d'automne colorés dans les oranges savoureux. Mince j'ai oublié les marrons, pour une saveur vraiment gouteuse, j'entame une nouvelle liste de courses pour ne pas oublier. J'ai les rires et fous rires d'hier en farandole dans mon cœur, quelques refrains des chansons qui nous soudent dans nos souvenirs, les petits-enfants les connaissent par cœur, et ne se font pas prier pour s'égosiller dans la voiture! Chaque moments partages avec ma tribu est une joie, je me suis endormie en serrant contre moi l'odeur des cheveux des petits quand ils se frottent tout contre leur grand mère pour faire câlins, entre deux jeux, entre trois chasses aux feuilles mortes en forêt, entre une invitation à un anniversaire et leur retour où quatre miettes de chocolat se sont installées au coin de leurs lèvres, pendant qu'on me raconte, un peu essoufflés, comment une sorcière, vêtue en citrouille, est venue expliquer une longue histoire à dormir debout, comme toutes les sorcières voyons Nona. Mon dimanche sera accompagné de musique, il peut faire le temps qu'il veut dehors, je garderai le silence, toute parole étant engageante, mon soleil ne me quitte pas, comme une promesse que je me suis faite.

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