J’ignore comment j’ai réussi à murmurer oui dans un souffle les joues légèrement roses un petit sourire en coin. Je l’ai trouvé émouvant. Surement. Et puis il me rappelait quelque chose. 
Mais je n’ai jamais vraiment su. J’ai essayé à haute voix aussi. Pour voir l’effet. Produit. Rendu. Lancé en l’air et si tôt muet. Étouffé. Fredonné. Du bout. Du fond de la gorge. En bulle sur les lèvres. 
Il faut dire que c’était difficile. Se rappeler les mots. Sortir de la parenthèse et les dire. Dire des mots qu’il ne faut pas. Parce que tu n'as pas envie d'en rajouter. Tu es déjà assez triste comme ça hein.Tant pis c’est fait. Je ne m’excuserai pas de tout ce que je n’ai pas dit dans l’hiver. Ça va vite tourner à la mélancolie si je continue. Alors dehors le soleil me tire un peu par les pieds le vert glisse ses ardeurs. Bon mais j’ai quand même réussi à le dire ce oui. Je l’ai à peine dit et la musique s’est fait plus forte. 
Tu sais celle où quand tu fermes les yeux ça chavire un peu dans tes souvenirs. C'est là que tu te penses midinette. 
Et que tu t'en fous en fait. Parce que cet air là c’est un refrain qui te balance tout au visage. Le petit matin dans la salle de bain orange psychédélique les volets ouverts sur le chèvrefeuille et le « stop encore !! » d’RTL que tu entends là tout juste comme si c’était avant. D’en bas monte l’odeur de la tarte aux pommes mélangée à celle de la cire. Les cheveux encore humides en te penchant à la fenêtre tu les entends dehors dans des bonjours avec les « Rrrr » qui roulent devant la camionnette du boulanger. Quoiqu’il en soit c'est venu tout seul. Je l’ai chanté ce gentil refrain qui enfin est revenu dans ma mémoire. 
Ça disait « Dieu
Mais que Marianne était jolie 
Quand elle marchait dans les rues de Paris 
En chantant à pleine voix
"Ça ira, ça ira, toute la vie" »…


 Texte M@claire© Droits Réservés


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