C’est quand la cloche de la vieille église s’est heurtée au loin à la lumière du jardin que j’ai pensé à toi. Il y a des souvenirs qui sont comme des crampes de mémoire. Ils sont comme voleurs de nos richesses présentes. Tu voulais que je rentre terriblement dans ta vie. Je n’ai pas chaviré aux liens de l’attachement. Le livre a glissé de tes paumes. Les pages se sont fracassées sur le sol dans un odieux silence. Leur descente s’est fait lenteur tant les mots ont été étouffés. Comme un enfant capricieux, tu voulais que je te raconte l’histoire. Je n’aime pas lire à voix haute. Tu sais, il faut monter lentement vers un amour, en prenant le temps de s’arrêter sur chaque pallier, sentir toute l’importance, chaque mouvement, tous les élans, sans se mentir. Prendre le temps de feuilleter, d’inventer. Tourner les pages une à une, doucement s’approprier l’histoire en conscience pour découvrir ici ou là les détails qui surviennent et se libérer enfin des attentes, des répétions. S’attarder davantage sur la lumière. Moi je suis dans l’instant, et la lumière me fait croire que je suis pour toujours. Pas de regard de lutte, pas de pensée qui pèse. Fonder la vie, fragile.


Texte M@claire© Droits Réservés
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