Dimanche. J’aime bien t’écrire le dimanche. C’est comme soulever légèrement de lourds rideaux en velours de mots. 
Il a tant plu dehors comme dans mes yeux. Comment as-tu fait pour réussir à installer cet hiver humide qui deviendra pérenne si j’en oublie de respirer. D’un morceau de musique s’échappe ces mots de Léo.
 « La brume en baiser » que tu t’excusais presque de n’avoir pas écrit. On dit que sept ans font un cycle. Mais sept années de mensonges ça compte pareil ? 
Pour ouvrir un peu les portes du jour qui s’installe, j’ai posé un paquet de tendresse sur la table, la jacinthe a pris la nuit pour bien s’habiller de rose. Le doux parfum diffuse une somme de réconfort qui mène vers le pays de l’enfance. Du temps où mon père allumait les cheminées parce que décembre est là. 
Qu’il fasse neige ou douceur. Noël sans feux de cheminée? impensable. La campagne était ma sécurité. La maison mon refuge. Tout est le cœur, en silence serré. L’enfance en suspend, je suis en souvenirs. 
Mais qui s’en souvient vraiment ? 
Il me faut vite griffonner des mots qui parlent d’avenir. Là sur la table de la cuisine, entre le parfum exalté de la jacinthe et la farine pour la tarte aux pommes, un peu de cannelle s’est renversée. J'ai fermé un instant les yeux dans une longue respiration. Je ne veux plus que la mer m’invite, il y a trop de vent, et la brume fait friser mes cheveux indisciplinés.


Texte M@claire© Droits Réservés 


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