Ma grand-mère aimait son jardin. En toute saison. Je l'accompagnais l'été. Ma petite main dans la sienne, rugueuse, et ferme. Nous prenions par derrière, le chemin de la Tantôte pour s'y rendre. Il fallait passer sous un petit porche, tellement bas qu'on devait baisser la tête. Puis on arrivait au jardin.
Une fois la grille poussée, sur la droite il y avait un puits. A son pied, plusieurs pivoines. Blanches et roses. Un peu plus loin, le long du mur, des glaïeuls. Elle ajustait son chapeau et s'en allait attacher les scaroles. Redresser quelques tiges de tomates. Elle vagabondait ici ou là, caressant une fleur ici, repoussant là-bas une guêpe d'un revers de la main. Elle m'expliquait. Elle me racontait. Son jardin, ses saveurs, ses couleurs. Ses rudesses, la terre, l'eau, la nourriture, la gratitude. Plus tard, nous écossions les petits pois. Une fois rentrées dans sa maison.
Elle mettait du papier journal sur la toile cirée de la table. Elle déposait une passoire en fer. Elle glissait comme un trésor dans son tablier la récolte du jour. C'est en fredonnant des chansons du temps passé qu'elle me montrait le geste. Je m'appliquais. J'admirais. Son savoir-faire. Son sourire et ses encouragements. Ses yeux bleus, ses cheveux blancs. Sa blouse et ses mains fraîches. Moi, ce que je préférais, c'était de déposer un petit pois sur ma langue et savourer, ce petit goût sucré incomparable. Dans un grand éclat de rire, parce qu'elle jouait à me gronder. Le Printemps va revenir, avec ses splendeurs. Elle ne quitte jamais mon cœur.


M@claire© Droits Réservés - Janvier 2020 




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