Le ciel s’est couvert d’encre dès l’aube, la pluie martèle la rambarde du balcon. Étrangement, il fait doux ce matin.
Puis ces mots qui s’obstinent. La simple impossibilité dans laquelle je me trouve d’écrire devient chaque fois une évidence. La sidération de tous ces jours, une aubaine qu’aurait saisi mon crayon pour me faire faux bond. Le monde m’est apparu saturé de paroles aussi bien que vide de sens. Sans avoir prononcé des vœux de silence je me suis, comme une religieuse qui s’écarte en un lieu retiré, muée en contemplatrice. Ce que j’ai vu ne m’a pas toujours plu. Ce que j’ai fait est allé souvent à contresens des injonctions croisées ici où là. J’en suis restée à mes habitudes, car je suis fidèle. C’est le doux et le simple qui m’ont accompagné. Le chat aussi. Alors bien sur à la louche je pourrais te raconter ce que j’ai vu, fait, ou pas.
Te dire que j’ai très peu lu, écouté de la musique, vu des films. J’ai caressé des objets, tourné les pages de vieux albums photos. Je n’ai pas nettoyé à fond ma salle de bain, ni cousu de masque. J’ai partagé avec mes voisins, ils ont découverts qu’être solidaires c’est un peu ne pas être solitaires.
Te dire que j’ai tenté d’écouter la cacophonie des uns des autres souhaitant poursuivre mon ouverture, me faire une opinion, avoir une idée, du monde, peut-être. Je suis passée de la curiosité à l’indifférence. De l’étonnement à la morosité. De l’angoisse à la méditation. Du présent au recul nécessaire. J’ai été en colère, un peu. J’ai tenu à partager avec ceux qui comptent. Ceux que j’aime. Et qui me sont si chers. Etre présente du mieux que j’ai pu. Je connaissais déjà bien la patience et la solitude. Nous avons poursuivis nos échanges, dans un silence de cathédrale. Parfois, j’ai eu le sentiment d’être au milieu. Mains ouvertes, cœur résilient. Bien sur, de loin, de très loin, j’ai vu aussi des vieux et des divas brasser de l’air pour se convaincre. De loin aussi, j’ai observé des très jeunes et des trentenaires se croyant immortels. Tout ce petit monde si prévisible. Egalement j’ai lu et vu tant de belles choses. De belles personnes ont remplis les réseaux sociaux de petites merveilles. La nature m'a offert ses couleurs et ses humeurs. J’ai aimé ces partages. Des amitiés se sont tissées, d’instinct j’ai écarté les opportuns. Parfois, j'ai regardé derrière moi. Si peu, je n’aime plus ces liens. J’ai reçu des messages, j’ai tenté des passages, j’ai fait des gâteaux. Et des salades de fruits. Les géraniums ont refleuris. Le soleil printanier a su apaiser parfois. Et cette angoisse, sourde, de ne plus avoir envie. Et cette hâte de vivre parce que le temps qui reste.
C’est dimanche, j’ai fait une brioche.


M@Claire© Texte et Photo Droits Réservés.



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