C’est encore l’été.

Même si les ondes murmurent des probabilités de « rentrée » qui se rapproche.

Bien sur, je suis rentrée. Je refuse encore de me laisser envahir. Ce quotidien reprendra bien sa place, mais pas tout de suite. J’aime me remémorer. Quelques jours en Bourgogne où j’ai repris ma respiration. Malgré la chaleur dense et intense. Les pierres de la maison racontent des histoires mais gardent en mémoire les froids hivers pour en restituer la fraîcheur par forte chaleur. J’ai répondu aux mille questions de mes filles qui soudainement ont libéré leurs paroles en parcourant placards et tiroirs. En revenant dans la maison familiale, je me suis éloignée du bruit assourdissant du monde. Peu de liens, quelques photos, des bouts de mots ici ou là. J’ai protégé mon bien le plus cher, celui d’avec ma tribu. Nous nous sommes donné plein d’amour. Cet essentiel. Il y a eu l’odeur de l’herbe sèche dans le jardin, le parfum des pommes de pin tombées du grand sapin argenté et la fraîcheur des tomettes au sol quand on y marche pieds nus. Une petite odeur de cire mêlée à la tarte aux mirabelles, les tourterelles en concert, le pic-vert s’y ait mis aussi. L’affolement des araignées dérangées, le voisin qui vient raconter sa joie de voir la maison ouverte, le boulanger et son camion « tutut » comme disent mes filles, la cloche de l’église qui nous rappelle le temps qui passe et les rires des enfants partis à la chasse au trésor dans l’immense jardin. Les retrouvailles avec des vieilles dames qui ont été ravies de prendre des nouvelles, comme on dit ici. J’ai marché jusqu’au cimetière, le soleil tapait fort, le noisetier faisait son maximum pour l’ombrage. On a regardé les mûres qui entamaient leur maturité, on s’est fait frôler par des orties plus hautes que nous, sur le chemin derrière la maison, et un matin on a même entendu un coq chanter. Inlassablement, on a admiré le crépuscule, à l’heure où tout bascule sur un ciel étoilé.

Tout ici fait l’été. Mon été a été bien fait. Mon bonheur de mère, grand-mère est comblé. Il ne manquait que toi.

Texte M@claire© Droits Réservés