Mon Marc,

Je t’écris une lettre que tu ne liras jamais. Tu es parti  un 20 novembre. Rien ne comble ton absence tu le sais. Nous avons tant partagé. Un intime qui n’appartient qu’à nous. Notre secret, nous sommes seuls, toi et moi à connaître notre histoire. Je suis allée me promener au cimetière, hier ou un autre quelle importance. Les feuilles d’automne ont roulés entre les pavés, le soleil a salué mon passage, j’ai senti ta caresse sur ma joue, je me suis retournée sur ton éclat de rire, j’ai cherché tes bras pour m’y envelopper. La gorge serrée, j’ai pensé si fort à toi. Il fallait que je sois là, pour nous, pour toi. Encore un peu. C’est en revenant que j’ai eu envie de t’écrire. Je me demande aujourd’hui ce que tu penserais de notre monde de maintenant.  Il faut que j’essaye de te raconter un peu.

A cet instant, je fais une halte dans l’écriture de ma lettre. Je m’interroge sur ce que je dois t’écrire  de ce monde-là. Par où commencer, dois-je chercher le meilleur avant de te parler du pire, ne serait-ce pas plus simple de ne finalement rien dire. Pour me laisser croire que finalement, ce monde-là n’est qu’une parenthèse.

Et que nous retrouverons notre air pour nos respirations libres.

Oui, en fait je pense que je ne vais pas te parler de ces choses. Là où tu es, dans ce paradis blanc, que nous avons souvent évoqué ensemble, je t’imagine poser sur tout cela un regard lucide.  Et je présage autant ta colère que ton air abasourdi, suivi d’une pointe d’humour, pour me rassurer. Toi seul savais me rendre mon calme quand je n’y arrivais plus. J’ai feuilleté tes photos, cherchant un peu de réconfort. Celle-ci m’a fait penser à la citation de Victor Hugo. J’ai eu envie de laisser entrer la lumière pour nos regards souillés de ce monde devenu, il faut que je te l’avoue, un peu fou. Je me suis souvenue de tes mots pour me remettre sur mes pieds, les jours où moi aussi mes ailes ne savaient plus voler. Quand tout tangue et qu’on ne danse plus. La musique s'est arrêtée.  Serre moi fort. Ton silence d’ange comme mille signes de ta présence.  

Texte M@claire© - Droits Réservés

"Les amis sont des anges silencieux, qui nous remettent sur nos pieds quand nos ailes ne savent plus voler " Victor Hugo

 Photo Marc Lagoutte© 




 

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