Je glisse sur le temps, ce temps de libre, je range, je lis, c’est un temps repos. Un temps entre parenthèse. Je souffle un peu. 
Mon chagrin me fait répit. Je laisse mes pensées m’envahir comme on fait son ménage de printemps. C’est un jour pour rien. Un jour de seule. Des heures silences. 
Alors, je jongle avec les histoires de mes livres, je m’amuse à ouvrir toutes les pages 60. Je lis des mots. Je voyage. Les pages 60 recèlent des trésors. Mais les autres avant et celles d’après aussi. 
Toutes les pages font histoires.

Dans « Un lac immense et blanc » de Michèle Lesbre je lis ceci page 60 : « La dernière fois, le voyage s’était accompli sous une pluie cinglante qui brouillait le paysage, embuait les vitres du bus et semblait confondre terre et ciel ».

Dans « L’âme du monde » de Frédéric Lenoir, ceci : « Deuxième partie, Les sept clés de la sagesse ».

Dans « Le dernier rendez vous » de Catherine Briat, ceci encore : « - C’est si bon, j’avais oublié. J’ai senti alors – nous étions devant nos desserts – qu’il était bien, tout simplement bien, avec moi ; moi avec lui, à cette table de restaurant. Mon rire le remplissait de joie. Il me regardait, mon visage devait être radieux, à cet instant, et j’ai compris que cet homme me désirait. »

Dans « Se résoudre aux adieux » de Philippe Besson :
« Cependant, tu avais besoin d’une femme qui soit le contraire de toi, nous nous serions annulé si je t’avais ressemblé, ou nous serions entrés en compétition, tu ne l’aurais pas supporté même s’il arrivait que je t’agace à me montrer oisive. »

Ou encore dans « Lettre à Anne » de François Mitterrand :
« Votre lettre dans ma poche, j’avais envie de la relire, d’en soupeser les mots, de me laisser aller à cette première détente de mon esprit et de mon cœur, depuis vendredi dernier ».

Enfin dans « Ecrire » de Marguerite Duras : « c’est ça le départ de l’histoire ».

Je me demande si toi aussi tu vas aller pêcher des pages 60 dans ta bibliothèque.

Je lève les yeux, par la fenêtre le ciel se froisse de vent.

Texte et Photo M@claire© Droits Réservés









Commentaires

  1. devrais mais sais d'avance que ne le ferai pas ou pas aujourd'hui et que ce ne serait pas la page 60 mais sais aussi que j'ai aimé que vous e fassiez

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    1. @ Brigetoun ne le faire que lorsque et si on en a envie... bien entendu !

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  2. "Je me demande si toi aussi tu vas aller pêcher des pages 60 dans ta bibliothèque." Oui je suis allé pêcher... mais dans l'Anguison qui coule près de chez moi... Les truites y étaient tranquilles et je ne les ai guère dérangées... Hormis celles d'élevage, que la fédération des pêcheurs s'empresse de livrer à une fausse liberté après des mois de gavage et d'esclavage, les sauvages, elles, sont reparties en eau libre, libres... Au fait, pourquoi 60 ?

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    1. @P.-A. H. au hasard le numéro... comme ça, cela aurait pu être un autre chiffre...

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