#Poésie Hommage

" Nos paroles sont lentes à nous parvenir,
comme si elles contenaient, séparées,
une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ;
ou mieux,
comme si, à chaque extrémité de la silencieuse distance,
se mettant en joue,
il leur était interdit de s’élancer et de se joindre.
Notre voix court de l’un à l’autre,
mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré,
la tire à lui, la retient, l’interroge.
Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent je ne parle que pour Toi,
afin que la terre m’oublie."

Lettera Amorosa / René Char
 
Le 19 février 1988 disparaissait l’immense René CHAR, grand résistant et l’un des plus grands poètes français du XXème siècle. Maurice Blanchot disait de lui : « l'une des grandeurs de René Char, celle par laquelle il n'a pas d'égal en ce temps, c'est que sa poésie est révélation de la poésie, poésie de la poésie »












Commentaires

  1. Réponses
    1. @Brigetoun merci fidèle amie... oui très cher René Char...

      Supprimer
  2. Un immense brin d’herbe
    Une toute petite forêt
    Un ciel tout à fait vert
    Et des nuages en osier
    Une église dans une malle
    La malle dans un grenier
    Le grenier dans une cave
    Sur la tour d’un château
    Le château à cheval
    A cheval sur un jet d’eau
    Le jet d’eau dans un sac
    A côté d’une rose
    La rose d’un fraisier
    Planté dans une armoire
    Ouverte sur un champ de blé
    Un champ de blé couché
    Dans les plis d’un miroir
    Sous les ailes d’un tonneau
    Le tonneau dans un verre
    Dans un verre à Bordeaux
    Bordeaux sur une falaise
    Où rêve un vieux corbeau
    Dans le tiroir d’une chaise
    D’une chaise en papier
    En beau papier de pierre
    Soigneusement taillé
    Par un tailleur de verre
    Dans un petit gravier
    Tout au fond d’une mare
    Sous les plumes d’un mouton
    Nageant dans un lavoir
    A la lueur d’un lampion
    Éclairant une mine
    Une mine de crayons
    Derrière une colline
    Gardée par un dindon
    Un gros dindon assis
    Sur la tête d’un jambon
    Un jambon de faïence
    Et puis de porcelaine
    Qui fait le tour de France
    A pied sur une baleine
    Au milieu de la lune
    Dans un quartier perdu
    Perdu dans une carafe
    Une carafe d’eau rougie
    D’eau rougie à la flamme
    A la flamme d’une bougie
    Sous la queue d’une horloge
    Tendue de velours rouge
    Dans la cour d’une école
    Au milieu d’un désert
    Où de grandes girafes
    Et des enfants trouvés
    Chantent chantent sans cesse
    A tue-tête à cloche-pied
    Histoire de s’amuser
    Les mots sans queue ni tête
    Qui dansent dans leur tête
    Sans jamais s’arrêter

    Jacques Prévert

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Articles les plus consultés